A.Aleya

A.Aleya

Par delà le voile et ce qui arriva

Cet épisode imaginaire se situe juste après la disparition de Sirius Black c'est-à-dire dans le chapitre 35 de "L'Ordre du Phénix". Je n'ai gardé qu'un nom de la version originale anglaise : Padfoot pour Patmol.
Et l'idée de la gare m'est venue en lisant le dernier tome de la série ("Les Reliques de la mort"),  revue à ma façon.

Sirius Black & James Potter et tous les personnages nommés ici sont la propriété de J.K Rowling et non la mienne.

 

 

 

 

 

Derrière le voile

 

 Un éclair vert….Un flash

Tout devint sombre…. Un courant d'air très froid. Un tourbillon.

Puis le calme.Le silence. Assourdissant.

 

 

 

 

 

Le temps n'existait plus.Il s'était retiré comme une marée descendante. 

 

Une faible lueur perçait à travers ses cils noirs.

 

Un battement. Deux. Il prit conscience du froid qui l'engourdissait. Allongé sur le sol pavé, le corps tourné de côté, les cheveux rabattus sur le visage, son esprit sortit d'un long brouillard.

 

Il frissonna.

 

Il sentit peu à peu des picotements remonter le long de ses veines, dans chacun de ses nerfs.

 

Les sensations le tirèrent de sa torpeur. Il réussit à bouger lentement un bras, puis ses jambes.

 

Doucement, il s'aperçut qu'il pouvait ouvrir entièrement les paupières et fut presque aveuglé par la blancheur crue qui l'entourait.

 

Tant de luminosité diffuse….

 

Tout lui paraissait si clair, si paisible après cette sombre nuit, l'ultime éclair vert ; ou bien était-ce un cauchemar ?

 

Mentalement, il tenta de reconstituer le puzzle de l'histoire. Sa tête semblait partir en miettes. Une soudaine nausée l'envahit.

 

Il s'assit trop brutalement, se prit la tête entre les mains et murmura pour lui-même :

 

« - Où suis-je ? »

 

Le son de sa voix le surprit, résonna autour de lui.

 

L'endroit était désert. Un plafond voûté était éclairé par une lumière drue.

 

Derrière lui, un escalier en béton gris paraissait usé et à sa droite comme à sa gauche, deux murs devant lesquels s'alignait une rangée de sièges très simples. Il ne prit pas la peine de regarder ce qui se trouvait devant….cela ne ressemblait à rien….un tunnel peut-être….menant à une autre salle….

 

 

 

L'idée jaillit dans son esprit :

 

-         L'arche, elle est peut-être par ici, si je pouvais y retourner….

 

-         Il n'y a pas d'arche ici, fit une voix familière, derrière lui.

 

Sirius se retourna d'un seul mouvement et eut un sursaut de joie.

 

Descendant l'escalier, il voyait son meilleur ami James, tel qu'il l'avait toujours connu :les cheveux bruns en épis, les lunettes posées de travers, un grand sourire sur le visage.

 

Sirius se leva et comme un chien fou se précipita dans les bras de son ami.

 

-         James….tu m'as manqué, si tu savais !

 

-         Bien sûr, à chaque moment, je l'ai su…..

 

Avec un froncement de sourcils, Sirius se recula et prit conscience de ce qui se passait. Pour l'éternité, son ami aurait toujours vingt-et-un ans. Et lui…..

 

-         Tu me voyais….Mais tu es mort! …Et aujourd'hui, je peux te toucher…c'est que…....alors, c'est bien ça, je suis.... mort, moi aussi…?

 

James eut un sourire léger, comme si cette éventualité n'était qu'un sujet parmi d'autre et avec un geste désinvolte, il lui désigna les sièges.

 

 

 

-         Viens t'asseoir, Padfoot.  Après toutes ces émotions c'est la meilleure chose à faire, non ? Et puis, c'est un peu plus compliqué que ça.

 

-         Compliqué ? s'exclama Sirius en s'asseyant. Dis-moi ce qu'il y a de compliqué ? Soit on est mort, soit on ne l'est pas… ou alors, je suis une sorte de fantôme, tu veux dire ?

 

 

 

Se passant la main dans les cheveux, James se mit à rire :

 

     - Non, non, tu n'es pas un fantôme, ça, c'est certain.

 

Les deux amis se regardèrent, étonnés de se retrouver après tant d'années dans un lieu aussi étrange. Le regard gris de Sirius s'assombrit :

 

-         Donc, elle m'a bien tué. C'est la dernière chose dont je me souviens. Bellatrix. Et je suis passé à travers ce voile.

 

-         Le voile, voilà le problème.

 

-         Quel problème ? coupa Sirius.

 

-         Ah, je ne prétends pas tout savoir. Oui, ta chère cousine t'a bien lancé le sort pour te tuer. Mais elle n'avait pas prévu le voile. Personne. Le voile derrière lequel murmurent les voix des morts contient une magie ancestrale, puissante…...

 

-         Et les vivants ?

 

-         Ils ne peuvent plus t'atteindre, vieux frère, ajouta-t'il avec compassion.

 

-         Donc …je ne suis pas vraiment mort… donc je peux …revenir, demanda Sirius avec une note d'espoir dans la voix.

 

Tristement, James mit la main sur l'épaule de son ancien camarade et fit non de la tête :

 

-         Le retour est impossible.

 

Avec un mouvement de colère, Sirius gronda :

 

-         Alors, à quoi bon ? Je veux y retourner. Me battre. Retrouver Harry. Ton fils, James, il a besoin d'aide…

 

-         Je sais. J'ai vu ce que tu as fait pour lui. Mais Harry doit aussi poursuivre sa route seul et faire ses choix. Lily et moi veillons sur lui, à notre façon. Il aura encore de nombreux périls à affronter, j'en suis sûr, mais il le fera avec courage….

 

-         Mais ...à quoi ça sert ? Tu te fiches de moi ?

 

James leva la main :

 

-         Je comprends ta colère. Je ne sais pas si quelqu'un a connu cette situation. Peu importe. C'est toi qui compte. Tu es ici dans un lieu de passage. Tu choisis de rester… ou d'aller ailleurs.

 

-         Ailleurs ? Où, ailleurs ?

 

-         Je n'en sais rien. Ailleurs ne sera pas le monde que tu as connu. Je pense que ça y ressemblera sans l'être complètement. Ce sera simplement un monde où tu pourras ...vivre….

 

-         Je m'en fous de vivre si ce n'est pas pour poursuivre ce combat....

 

-         Laisse-moi finir. Ecoute, ta vie a été interrompue, nous le savons tous les deux comment. Pas par la mort comme moi. Par l'injustice. Douze ans dans la prison d'Azkaban. Et puis ? As-tu eu le temps de grandir, de mûrir, de penser à toi, d'aimer, de fonder une famille, oh, oui, je sais ce que tu vas dire, que tu t'en fous, mais tu n'as même pas eu la chance de savoir ce que c'était…! Enfermé chez tes propres parents, en fuite à seize ans, en guerre contre les Forces des Ténèbres puis Azkaban, la fuite encore et …de retour dans cette vieille baraque ? Tu appelles ça vivre ?

 

-         Mais, toi, ta vie s'est arrêtée si vite !

 

-         C'est vrai mais j'avais l'amour de Lily, je l'ai encore, ajouta-t'il avec un sourire. Nous avons eu Harry. Nous n'avons pas eu une longue vie mais elle a été intense. Et je sais ce que je laisse au travers de mon fils. Toi, tu vis dans tes souvenirs. Tu ne connais rien de tout cela. Quand tu regardes Harry, je sais que c'est moi que tu crois voir.

 

Sirius baissa la tête comme un gamin pris en faute.

 

-         Et si tu avais le temps…..à présent ?

 

-         Tu veux dire…:à mon âge mais ailleurs ?

 

-         Arrête, tu veux ! Tu parles comme si tu étais vieux ! Sirius Black , je vais penser que tu es un imbécile !

 

-         Mais j'ai le choix, c'est ce que tu as dit ?

 

Le silence. Ils se regardèrent. Sirius finit par hésiter sur les mots :

 

-         Toi, mon meilleur ami, que ferais-tu à ma place ?

 

Baissant la tête, James ne répondit pas. Au loin, un léger grondement fit vibrer les murs.

 

-         Ne me pose pas cette question. Car égoïstement, je te répondrai en premier : »Reste avec moi. Comme au bon vieux temps ». La mort n'est pas ce que l'on croit. Mais, en pensant à toi, je dirais, tu as une chance, celle de faire ce dont les circonstances t'ont privé pour l'instant. Peut-être faudrait-il saisir cette chance. Donc à toi de décider. Seul.

 

Sirius secoua ses longs cheveux.
       - Tu crois que ce sera un monde très différent ? Un monde sans magie...ou …

 

-         Je n'en sais rien.

 

-         Un monde où j'aurais tout oublié, où je m'appellerais autrement, un monde sans  Voldemort, sans Harry aussi...….

 

James sourit :

 

-         Tu m'en demandes trop. Tu crois t'adresser à Dumbledore? Je ne pense pas que tu puisses tout oublier. Tu seras un autre Sirius….Et tu te souviendras peut-être de certaines choses…. Qui sait ? Bon, je ne sais pas...

 

Le silence se reposa sur eux comme une plume. Le roulement lointain se faisait plus insistant. C'était bien un tunnel qui était percé de chaque côté de la paroi et en contrebas, des rails étaient posés.

 

-         Quoiqu'il arrive, nous nous retrouverons tous…, à la fin.

 

-         Tu veux dire, si je décide de …m'en aller, et bien, le jour où je …mourrai, il eut un rire bref, une fois de plus, je reviendrai ici ?

 

-         Ici, je ne pense pas.

 

-         Donc, ça n'a aucun sens. Autant rester ici.

 

James haussa les épaules. Le bruit s'intensifia. Il provenait du tunnel de gauche. Quelque chose approchait en hurlant.

 

-         Qu'est-ce c'est ? Un dragon ?

 

-         Oh non ! C'est une sorte de train souterrain. Il va s'arrêter ici.

 

-         Et ?

 

-         Soit tu le prends, soit tu restes, voilà ...

 

-         Et si je monte ?

 

-         Il t'emmènera ailleurs.

 

 

 

Sans un mot, ils se levèrent d'un même mouvement et s'approchèrent du bord du quai.

 

Tous les deux tendus vers la source du grondement, ils se retournèrent.

 

-         Je ne peux pas revenir en arrière ?

 

-         Impossible. On ne vit pas dans ses souvenirs non plus. Tu dois le comprendre enfin, Sirius.

 

-         Tu ne m'as appelé comme ça depuis...

 

-         Et tu as toujours un rire qui ressemble à un aboiement !

 

-         Ah, je me demande pourquoi tu es obligé de porter des lunettes  à présent...

 

James éclata de rire, les enleva et dit :

 

-         Va savoir!  je n'en ai pas besoin !

 

A cet instant, le métro jaillit du tunnel dans un hurlement de freins et un éclaboussement d'étincelles. Il s'arrêta en gare. Avec un claquement net, toutes les portes s'ouvrirent. La rame était vide, illuminée, nette et propre. James et Sirius se tournèrent l'un vers l'autre. Sirius secoua la tête et esquissa un pas en arrière. Il fixa  le bout de ses chaussures.

 

Puis il osa lancer un regard vers l'intérieur du wagon, vit les sièges vides, les barres en métal étincelantes, les lumières chaudes.

 

Rapidement, il serra l'épaule de James avant de dire dans un souffle :

 

-         Nous nous retrouverons à la fin.


James ne répondit rien mais le serra dans ses bras fortement. Puis laissa aller son ami en souriant.

 

 Sans un regard superflu, Sirius fit un pas en avant et sauta souplement dans le wagon. Aussitôt les portes se refermèrent et le métro repartit dans un vacarme assourdissant.

 

James remit d'aplomb ses lunettes et murmura : «  Bon voyage, vieux frère ».

 

Il resta seul un instant sur le quai avant de se détourner et de remonter l'escalier vers la douce lumière claire et orangée qui l'absorba comme un halo.

Puis il n'y eut plus rien.

 

 

 

 

 

FIN

 

 

 

 

Leya 2007  - révision 2016

- illustration: quaedam -

 

 

"Derrière le voile " a longtemps été une fan fiction isolée. Dorénavant, elle fait partie de l'histoire de Sirius  "Black est la couleur". 

 



26/11/2007
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