A.Aleya

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Black est la couleur - IV - Le malaise

 

Introduction:  2018

Sirius Black reprend conscience dans un hôpital. 

Plongé dans le coma depuis longtemps, il a été sauvé par les urgentistes. Une fois réveillé, il comprend qu'il a très peu vieilli mais que des années ont passé.  Les autorités ont établi qu’il s’appelait Stubby Boardmann. Il  décide de rechercher les personnes qu’il a connues. Mais il ne retrouve pas ses souvenirs. 
Il comprend que des éléments lui échappent. Il est recueilli par une jeune femme, Shirley, séduite par son charme. 

 

 

 

 Phase intermédiaire - Le malaise 

 

Sirius avait retourné des pensées dans sa tête sans en venir à bout.

 Il avait vécu des séparations. Il avait pris des décisions. Il avait tenté de récapitulé ce qu’il savait.

Très tôt, il avait quitté ses parents, le foyer familial qui lui devenait intolérable. Il avait fait ses choix, en amitiés, en allégeances, en amour.
Lui, la branche pourrie de la famille, comme se plaisait à le nommer sa mère, lui, le renié des Black. Le libre choix plutôt que la lignée tracée depuis son enfance…

Il ne doutait pas qu’il avait pris ses décisions selon son âme, selon son coeur.
Même s’il savait qu’il avait été souvent irréfléchi (« chien fou », les mots d'Abby résonnaient encore ), souvent impulsif, impétueux. 
Avait-il des regrets ?

Il n’avait jamais tenté de s’appesantir. S’il fallait qu’il soit jugé, que ce soit par ses actes !

En fait, Sirius n’avait jamais été jugé. Il avait été condamné. Emprisonné. Déclaré coupable.

Voleur ? Meurtrier, assassin, ennemi public ? Il ne savait pas.

Cela faisait beaucoup pour un seul homme, quand même. 

Vraiment beaucoup. 

  

Et maintenant, il ressentait durement la perte de sa mémoire. Comme une partie de lui-même qui ne serait jamais plus. Comme un vide incommensurable.

Il n’avait pas assez des larmes pour dire sa peine. Il n’avait plus de but, plus de combat, plus envie de se confronter. 
Il voulait simplement recommencer; depuis le début. Mais était-ce possible ? 

Ne plus penser à ce qui était inéluctable. Sans doute arrivait-il au bout. A la fin. Il devait en finir. 

  Mais non !

Il avait survécu à Azkaban, il était mort – ou l’avait-il cru ?

Maintenant,  il était ici, à Londres, bien en vie, d’après ce qu’il constatait.

 

 Il avait essayé de se diriger vers le Chemin de Traverse après être allé à la recherche de la maison des Black. Ce nom restait gravé dans sa mémoire. Il lui fallait une baguette s’il était un sorcier. A nouveau, il se perdit plusieurs fois dans Londres sans jamais réussir  à retrouver le chemin.  Ses pas le menèrent chez la femme qui l'avait si bien accueillie. La tête lui tournait. 

 Quand Shirley lui ouvrit, tout se brouillait. Il revoyait Abby, il entendait Kemmy. Avec qui avait-il vécu ? Avec laquelle ? Il perdait la boule ! 

 – Mais tu es souffrant, entre ! Oh, mon Dieu, tu vas faire une attaque, allonge-toi ! 

Sirius passa la porte de l'appartement, vertigineux. Il vacilla et s’écroula après avoir vomi sur le lit de Shirley.

Elle poussa un cri et se précipita vers son téléphone.

« Allo, les secours ? Oui, c’est urgent, c’est mon... ami, un ami à moi. Il vient de faire un malaise, je crains que ça ne soit grave, vite ! Il a déjà eu des problèmes d'amnésie. Non, je ne crois pas, il ne boit pas. Environ dans les quarante/cinquante ans. Oui, voici mon adresse,  je vous attends...." 

 

 

Sirius bascula dans le noir. Le passé lui sauta à la gorge, au coeur, aux tripes.

 

 

 

Harry, balbutia-t’il.

 

On sonna à la porte. Shirley alla ouvrir aux secours. 

 

Il est inconscient depuis combien de temps, madame ? Fit le premier urgentiste en entrant dans la pièce.

 

Peu de temps. Je crois qu’il a déjà repris conscience…

 

L’urgentiste se pencha sur Sirius : 

 

Monsieur ? Vous m’entendez ?

 

Une autre urgentiste pénétra dans la pièce chargée une civière et une bouteille d’oxygène.

 

 Il est conscient. Son pouls est un peu rapide mais constant. Attends, je vais l’ausculter…

 

Il a dit quelque chose, je crois, dit l’urgentiste à sa collègue tandis que Shirley se rapprochait.

 

Monsieur ? Vous m'entendez ? 

 

Harr…

 

– Oui ? C’est votre nom ? 

 

Harry Potter ! cria Sirius en faisant sursauter tout le monde. 

 

Il y eut un silence. Lourd. Doucement, l’urgentiste reprit :

 

Ce n’est pas votre nom, je le crains, monsieur. C’est un personnage de roman.

 

Sa collègue reprit :

– En même temps, il pourrait s’appeler Harry Potter. Ce serait amusant mais c'est possible. 

 

Elle se tourna vers Shirley qui secoua la tête :

Non, non, il s’appelle Sirius…

L’urgentiste qui approchait le stéthoscope s’arrêta avant de froncer les sourcils :

D’accord, on a affaire à un fan de plus ! Il a des problèmes de santé mentale, votre ami ? Plus bas, il dit à sa collègue : – C’est peut-être la source de son malaise s’il n’a pas pris son traitement. Délire et…

Shirley s’interposa brusquement :

Ah, non ! Aucun souci de ce côté ! Il revient de voyage, il est simplement désorienté ! Il a été victime d’un vol ! Une usurpation d’identité, cela l’a beaucoup stressé ! Mais rien d’autre ! Il… Elle ne sut ce qui la poussa à dire d’une traite : – Il est suivi à l’hôpital pour cela, il a rendez-vous demain, sans faute. C’était un malaise… Mais moi, j’ai cru à une attaque… Si vous me dites que ce n’est pas son coeur, ni rien de cela, alors….

Elle se tut, les interrogea du regard. Tout se décida alors très vite.

Apporte l’EEG portable ! Fit l’urgentiste. On va faire un contrôle quand même mais à mon avis, tout va bien. Il n’a pas de maladie mentale, votre ami, vous me le certifiez ?

Le doute planait encore. Shirley prit alors une mine décidée :

Aucune. Je le connais bien depuis longtemps.

« Et deux mensonges pour le prix d’un ! Je ne sais pas ce qui me prend mais je sens que je dois le faire ! »

Son affirmation acheva de décider les urgentistes :

D’accord. Si on ne voit rien sur l’EEG, et bien, qu’il reste ici et qu’il se repose ! Les urgences sont suffisamment surchargées comme ça en ce moment ! On ne va pas y amener un patient qui n’en a pas besoin et qui va encore encombrer les couloirs ! Les collègues n’ont pas besoin de ça ! Mais qu’il n’oublie pas son rendez-vous, hein !

Bien sûr ! S’engagea Shirley en souriant.

Ils procédèrent alors à l’examen qui s’avéra parfait.

Harry ? bredouilla Sirius, les yeux mi-clos. Remus. Patmol.

C’est un fan, votre copain, quand même, maugréa l’urgentiste en s’en allant. Un fada de plus…

Avec un sourire totalement fabriqué, Shirley haussa les sourcils :

Pas un fada. Un grand fan :

Ils sortirent.

Un foldingo, glissa-t’il à sa collègue en douce. Paraît qu’il y en a des tas, comme lui ; c’est triste, quand même. Le mec se fait appeler Harry !

Shirley respirait librement. Elle ignorait pourquoi elle avait agi ainsi cela mais cela lui semblait juste. Elle finirait par avoir le fin mot de l’histoire. Elle se tourna vers Sirius qui paraissait dormir tranquillement.

D’accord, monsieur dort comme un bienheureux, maintenant !

 

 

En fait, Sirius rêvait. 

 

 

 

 

 

 



25/03/2018
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