A.Aleya

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Black est la couleur - V - Un certain passé

 

 

Introduction:  2018 - Londres

Sirius Black reprend conscience dans un hôpital. 

Plongé dans le coma depuis longtemps, il a été sauvé par les urgentistes. Une fois réveillé, il comprend  que le temps s'est écoulé et qu'il a très peu vieilli. Les autorités ont établi qu’il s’appelait Stubby Boardmann !  Il ne comprend plus et décide de rechercher les personnes qu’il a connues. 
Mais très vite, il réalise que des éléments lui échappent. Il est recueilli par une jeune femme, Shirley, séduite par son charme. Peu à peu, Sirius est assailli par des souvenirs incohérents. Pire : la magie lui fait défaut. Il finit par être victime d'un malaise. Shirley appelle les secours. Il se rétablit et sombre dans un profond sommeil.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 Poudlard années 70 – Kemmy Dale 

 

 

Alors, c’est décidé, fit Mary à l’intention de Lily. Tu vas vraiment porter cette robe pour le bal ?

Mais oui !

Et Lily Evans tourna sur elle-même. Elle avait passé une étonnante tenue de soirée qui tenait à la fois de la robe moldue et de la traditionnelle « robe de bal » des sorciers. Taillée dans un  sombre velours d’un vert qui faisait ressortir la couleur de ses yeux en amande, la robe contrastait avec sa peau laiteuse et ses cheveux auburn.

Et bah, t’es magnifique, ma vieille ! Mais… tu es sûre de ton choix, pour le cavalier, je veux dire ?

Un silence s’installa dans le dortoir des filles. Un peu plus loin, Kemilla Dale que tout le monde appelait Kemmy, continuait à étaler sur son lit un vêtement qu’elle ne porterait pas finalement. Tapi plus loin dans la pièce, bien camouflé à l’abri de tous les regards, sous la Cape d'Invisibilité,  Sirius observait. Il perçut l’embarras qui semblait planer dans l’air. Les yeux trop brillants de Lily, ses mains qui tripotaient son décolleté de façon frénétique, sa gêne. Cette fois, Mary McDonald avait manqué une bonne raison de se taire. Le bal, le bal, n’y avait-il pas un autre sujet de conversation pour elle ?

Annulé fréquemment pour d’obscures raison, le Bal du Solstice d’Hiver aurait finalement lieu en cette fin d’année. Albus Dumbledore l’avait rétabli, objectant qu’il s’agissait là d’une noble tradition de Poudlard permettant aux élèves comme aux professeurs de s’amuser avant les vacances de Noël. Après tout, avait-il complété, on ne prenait pas assez de bon temps, dans ce monde en ces temps incertains. Certains avaient fait la grimace mais le bal serait maintenu. Coûte que coûte. 

Alors, on danserait, on se ferait beau et belle, on flirterait peut-être et on boirait aussi, modérément, on mangerait, on se coucherait tard.

Les élèves de dernière année auraient le privilège de parader par couples dans leurs plus élégantes tenues, rois et reines d’un soir.

Enfin, tout cela pouvait se faire à condition d’avoir trouvé un ou une cavalière, bien entendu… Sinon, on y allait en solo. Tant pis ! 

Reggie, le jeune frère de Sirius, était censé accompagner Kemmy. Remus Lupin, lui, avait choisi d’y aller avec Mary McDonald. C’était un choix un peu étrange. Ils n'étaient pas si proches... il était notoire que Marlene et Remus se plaisaient mutuellement. Mais Mary avait sûrement beaucoup insisté et Remus n’avait su dire non.

D’ailleurs, Mary continuait d’insister :

Vraiment, Lily ? Tu es certaine ? Je ne te comprends pas ! Tu aurais pu accepter l’offre de l’un des nôtres, quand même ! Il y a Sirius… Je ne sais pas s’il a quelqu’un… Sans doute, j'imagine. Ou James, alors ? 

Mais Lily l’interrompit, à bout de nerfs :

Tu ne vas pas recommencer ! Je te l’ai dit mille fois, Mary ! Mon choix est fait depuis longtemps et je ne vais pas le reconsidérer ! Et ne viens pas me parler de ce… James Potter ! Tu sais très bien ce que je pense de lui ! Enfin, Mary, tu ne peux pas ignorer ses agissements ! Tu sais ce qu’il fabrique... 

Voyons, ce sont des ragots, c’est exagéré, la coupa Mary, le visage fermé.

Mais Lily ne la laissa pas continuer. Secouant sa chevelure rousse, elle s’écria, véhémente :

Non, pas du tout ! C’est de la magie noire ! Ouvre les yeux, par Merlin ! Même Sirius qui a longtemps été l’un de ses meilleurs potes, peut-être même un ami, a compris, lui ! Il a pris de la distance, il ne le fréquente plus depuis ce qu’il a tenté de faire à son frère ! C'était ignoble ! 

Essoufflée par sa diatribe, elle se tut. Mary glissa alors :

– Oh, allons, James va un peu loin, d’accord !  Mais je constate que Remus est toujours ami avec lui et il est modéré, lui. Tu ne peux pas ignorer ça... 

Remus est gentil mais il est carrément  aveuglé. Il l’écoute sans chercher plus loin. C'est désolant. Alors que Sirius… Il a vu de très près ce qui se passe, lui !  Lily se tourna alors vers Kemmy : – N’est-ce pas, Kem ? Tu es d’accord avec moi ? Vous en avez discuté tous les deux ?

En rajustant ses lunettes, Kemmy hocha la tête. Il était de notoriété publique que Kemmy et Sirius étaient amis depuis leur deuxième ou leur troisième année. Personne ne savait vraiment comment ni pourquoi cela avait commencé mais ils étaient inséparables.

Caché dans l’ombre, Sirius frémit. Une aventure dans la Forêt Interdite un soir de pleine lune les avait réunis. Ils ne se quittaient plus depuis lors. 

 Cependant, Sirius était très recherché. Il était populaire, charmant. Il recevait un grand nombre de parchemins amoureux, émanant de jeunes filles et de jeunes hommes. Il devait refuser plusieurs fois par semaine les chocolats remplis de filtres d’amour. Pourtant, Sirius n’était pas intéressé. Tout ça l'amusait mais il jetait les boîtes de bonbons. 

Il écouta avec attention ce que Kemmy allait répondre. Elle semblait hésiter puis dit, de sa voix un peu rauque, à l’accent chantant :

Bien sûr, j’en ai parlé plus d'une fois avec Sirius : de la montée de ce Mage noire et de ses disciples, de ce que fait James Potter, de ce que traficotent certaines personnes avec lui...Et puis,  cette façon qu’il a d’emberlificoter les autres, aussi. Ce n'est pas clair du tout. 

Elle se tut. Sirius remarqua que Mary la regardait de travers. Kemmy n’allait pas s’aventurer sur ce terrain devant elle, pas aujourd’hui et elle avait raison. Elle devait se protéger. Il y avait déjà eu des cas de représailles. Aussi Kemmy reprit-elle à l’adresse de Lily :

– En ce qui concerne Sev’, n’écoute pas les autres, Lily et écoute ton coeur ! Sev’ est quelqu’un de bien, de loyal et il tient profondément à toi ! Peu importe si certaines personnes ne l’apprécient pas. C’est facile de faire porter le chapeau pointu à quelqu’un qui n’a pas tous les atouts dans sa marmite : la richesse, la naissance, par exemple. Il a autre chose, Sev’ : la noblesse de l’âme.

Lily lui sourit en retour : elle était aux anges. Sirius, quant à lui, continuait à observer Mary : elle mijotait quelque chose. Cela ne tarda pas :

Oui, mais quand même : Severus a bien participé à cette sombre histoire dans la Forêt Interdite, il y a quelques années, non ? Quelqu’un a frôlé un danger ! 

Severus a failli être blessé, tu veux dire ! A cause de James Potter ! Il n’y avait personne d’autre ! D’ailleurs, ils se sont expliqués devant McGonagall. Tout a été dit ! C'est clos ! 

Sirius pensa aussitôt : « Personne, à part Kemmy et moi, bien caché ; mais Lily ne le sait pas. Et c’est là que nous avons fait une incroyable rencontre qui a changé notre vie et qui a scellé notre amitié. Ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur un nid d’Acromentules sauvages, qu’on se retrouve liés l’un à l’autre dans un cocon et qu’on arrive à se tirer de ce mauvais pas sans une égratignure ! Kemmy Dale, tu te souviendras de cette nuit-là toute ta vie, je crois ! Comme moi ! Tout ça parce que j’avais voulu faire le couillon et t’épater ! Enfin, Severus n'était coupable en rien. Je le sais depuis ce jour-là...».

Mais Mary avait autre chose à dire :

Bien sûr, bien sûr. Mais, heu... Tu venais juste d’arriver, Kemmy, quand ça s'est passé, non  ? Tu as compris ce qui s’est passé à l’époque ? Parce que je me souviens que tu parlais pas très bien notre langue, tu as peut-être fait une erreur.... 

Lily la foudroya du regard. C'était mesquin, de la part de Mary. Et si méprisant. 
Kemmy était arrivée lors de la seconde année. Ses parents venaient de l’étranger puisque son père était un sorcier qui travaillait pour l’international. Il était lui-même un descendant des mages perses. Kemmy était née au Maroc et avait commencé à apprendre la magie auprès de sa mère, une sorcière anglaise, qui connaissait ses grimoires sur le bout des doigts. Elle avait obtenu de McGonagall la permission de lui enseigner les bases avant son admission à Poudlard un an plus tard, en seconde année. Kemmy avait aussi deux frères beaucoup plus jeunes. Toute la famille parlait plusieurs langues, ayant habité dans divers pays avant de revenir au Royaume-Uni. Mais les sorcières comme Mary qui n’appréciaient guère les gens qu’ils appelaient « les étrangers » critiquaient ouvertement l’accent de Kemmy, son teint mat ou ses cheveux sombres. Elle avait appris à s’en moquer depuis le temps. D'ailleurs, Kemmy s’était fait des amis facilement. Elle haussa les épaules et ne dit rien. Cela n'en valait pas la peine. Sirius pensait de même. 

Descendons, coupa Lily. C’est l’heure du dîner ! Viens Kemmy !

 

Les tables étaient installées comme à l’accoutumée ce soir-là. Sirius se dépêcha de s'éclipser et de  regagner sa place avant l’arrivée de Lily et de Kemmy. Il fut parmi les premiers et attendit. Le brouhaha monta lentement dans la Grand Salle. Dès qu’il avisa son amie, il cria :

Hé, Dale, par ici ! Une place libre !

Il vit son sourire tandis qu’elle se dirigeait vers lui. Voilà ce qu'il aimait. Il appela aussitôt : 

-- Marlene, Remus ! Hého ! Ici ! 

Et il porta ses doigts à sa bouche pour siffler avec force. On se retourna sur lui. Il s’en fichait. Il s’en était toujours fichu. 

 

 L’image se déchira. Il bascula dans un grand vide. Un espace plat et gris envahit son esprit. Il ne savait plus où il était, quand il était, à peine qui il était. Il se raccrocha au dernier fragment de sa conscience. Sirius, je suis Sirius, pas Stubby  ! Il avait la sensation d’être transporté. Non, ça n’allait pas recommencer ! Le froid l’enveloppa. Il en voulait pas se laisser aller, se laisser embarquer où que ce fût !  Il hurla, la gorge en feu, les poumons déployés. 

Je suis Sirius !

Une main fraîche se posa sur sa joue. Douce. C’était bon. Il ouvrit lentement les paupières. Accommoda avec difficulté. Cette femme, c’était…

Shirley ?

Elle lui sourit. Elle paraissait inquiète.

J’ai vraiment eu peur. Mais le secouriste a dit que tout allait bien mais... 

Sirius se redressa. 

Il balaya les alentours du regard. Il était bêtement allongé sur un lit. La pièce tangua un peu quand il voulut se lever. Sa gorge était sèche. Il balbutia : « Je suis Sirius » et vit que Shirley le regardait étrangement. Alors, il s’y reprit plus lentement ; il n’allait pas retomber dans les pommes, comme un con qu’il était. Pas deux fois, à la fin, ça suffisait !

 

Vas-y doucement… Tu… Enfin, tu n’étais pas bien, tout à l’heure, ajouta Shirley en lui permettant de s’appuyer sur elle. Il lui jeta un regard en coin. Que voulait-elle dire ? Il était parti dans son souvenir, il n’avait pas l’impression d’avoir parlé… Mais il ne pouvait en être sûr. Il s’assit sur le bord du lit et fit, le plus calmement possible :

 Ah ? J’ai fait quoi ? Il se frotta le front. Il avait transpiré, ses cheveux étaient trempés. Il les repoussa en arrière.

 

 

 

 

 

 

 

Art Ana Godis 

 

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05/11/2020
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