A.Aleya

A.Aleya

Vernon Subutex 1 - Virginie Despentes

 

Résumé:

 

Vernon Subutex est un des disquaires les plus célèbres de Paris des années 1980, mais, à la suite de la crise du disque, il doit fermer son magasin. Dès lors, passif et mou, il vit durant un moment des aides sociales en évitant au maximum de sortir de chez lui, passant ses journées sur internet.

Un de ses amis, Alex Bleach, célèbre chanteur de rock, l'aide de temps en temps financièrement pour payer son loyer jusqu'à ce qu'il décède brutalement. Avant de mourir, le chanteur confie à Vernon un enregistrement sonore créé sous l'influence de la drogue. Ce qui lui vaut d'être activement recherché par plusieurs personnages. Vernon, sans aucune source de revenu, se fait expulser de son appartement. Il décide de solliciter l'aide de ses anciens amis qu'il n'a pour la plupart pas vu depuis plusieurs années, prétextant n'être à Paris que « de passage ».

 

 

 

 

Ce n'est pas tant un récit sur les marginaux que sur les gens, en général. C'est un roman sur l'humanité. Avec le pouvoir, les riches, les pauvres, l'amour, la haine,  la perte, l'attachement, le deuil,  le buzz, le sexe...

Despentes nous raconte non pas son humanité mais la nôtre. C'est une histoire de  la métamorphose (l'âge, le corps, le sexe, la parentalité).

Quand nous vieillissons, quand nous connaissons la réussite sociale, quand nous perdons tout, quand nous cherchons l'apaisement (la drogue, le sexe, la famille, la religion...)...la maladie, l'âge, les regrets, les petites victoires, les mesquineries...L'existence. 

 


C'est une histoire de rythme, c'est une écriture profondément musicale. Je n'ai pas de mal à dire que c'est ce que je préfère chez Despentes: cette musicalité des phrases. j'ai envie d'y coller mes vieux vinyls en fond sonore. 

 

Vernon Subutex parle de ma génération qui a été ado dans les années 80, mais aussi de celle  des trentenaires, de la génération twitter, des meufs à l'ancienne, des beaufs hétéros, des jeunes filles non rebelles; ça parle de notre époque en ce qu'elle a de cruel, de rapide, de déprimant souvent. Cette époque est terriblement sérieuse - si on la compare aux années 80, par exemple. Elle fait le même constat que ses contemporains: à quel moment sommes-nous devenus si sérieux, si politiquement corrects, fermés à tout, en un mot, sectaires? 

Vernon Subutex, c'est le désenchantement du monde.

 

 

 

 

Difficile de noter un livre aussi réussi (mais ça sera 5/5). 

 

" Il y a des évolutions qu’on n’aurait pas pu prévoir il y a trente ans… J’avais l’idée d’un livre-patchwork qui traverserait toutes les classes sociales. "
 

A 20 ans, ils étaient punks. Et à 50, à quoi ressemble leur vie ? Virginie Despentes voyage à travers les classes sociales et les évolutions de la société française. Premier volume d’un roman-fleuve, le plus ambitieux de son auteure, qui vient de recevoir le Prix Anaïs Nin.

Cette nouvelle année commence en exauçant l’un de nos vœux : on attendait depuis longtemps qu’un écrivain français signe un grand roman sur l’état de notre société, et Virginie Despentes l’a fait avec Vernon Subutex, son septième roman, une trilogie dont le prochain volume sortira en mars et le dernier en septembre. Une formidable cartographie de la société française contemporaine à travers l’itinéraire d’un disquaire (Subutex), obligé de fermer son magasin à cause de la dématérialisation de la musique, qui perdra vite son appartement et devra, avant de finir SDF, demander à chacun de ses amis de l’héberger un temps, devenant ainsi le parfait fil rouge pour nous faire pénétrer dans tous les milieux.

Il y a vingt ou trente ans, ils étaient fans de rock et participaient tous à des groupes punk. Que sont-ils devenus à la cinquantaine ? On passe de l’extrême droite à l’extrême gauche, de l’embourgeoisement à la déchéance, des nantis aux SDF, des hétéros aux gays, tous traités de la même façon par un auteur qui a atteint un niveau de maîtrise sidérant : avec autant de tendresse que d’ironie, car Despentes n’est jamais dupe, tout en restant profondément humaine.Punchlines, mots justes, humour au vitriol sont au rendez-vous d’un roman ultraserré, nerveux, dense, en forme de vrai-faux polar. Parce que Vernon Subutex se retrouve en possession des rushes de l’interview de l’un de ses amis, le seul du groupe à être devenu une star et retrouvé mort dans la baignoire de sa chambre d’hôtel dès le début, tous voudront le retrouver pour s’approprier ces bandes.De quoi nous donner envie de rencontrer celle qui pourrait bien passer, avec ce livre, du statut d’enfant terrible à celui d’auteur majeur de la littérature française. Virginie Despentes nous a reçus chez elle, dans le XIXe arrondissement de Paris. Tutoiement direct, extrême douceur et intelligence fulgurante. L’occasion aussi d’un bilan sur sa vie et la société, vingt ans après la parution de son premier roman-choc, Baise-moi (1994), de l’interdiction (la première en France depuis vingt-huit ans) de son film du même nom en 2000 et de son essai féministe, King Kong théorie (2006).

 

Comment as-tu commencé à écrire Vernon Subutex ?

Virginie Despentes – J’ai eu l’idée de Vernon en voyant des gens autour de moi se retrouver dans des situations compliquées à la cinquantaine. J’ai eu une expérience de disquaire quand j’étais gamine, et je faisais partie d’un groupe de rock. A l’époque, dans le rock, des gens se sont croisés qui n’avaient rien à voir ensemble. Ils ont changé au niveau social et politique. Il y a des évolutions qu’on n’aurait pas pu prévoir il y a trente ans… J’avais l’idée d’un livre-patchwork qui traverserait toutes les classes sociales. Je me suis rendu compte qu’il serait volumineux alors que j’étais déjà très avancée dans l’écriture. Il faisait 1 200 pages. C’est mon éditeur qui m’a suggéré de le découper en trois tomes.

 

L’une des questions qui traversent le livre, c’est l’idéalisme inhérent au rock et ce que chacun en a fait vingt ou trente ans plus tard…

La question c’était : “Après ce qu’on a fait à 20 ans, qu’est-ce qu’on est devenu à 45 ?” C’est un vrai truc de vieillir, on me l’avait dit mais je n’y croyais pas. Et le plus dur, ce n’est pas pour soi, mais c’est de voir les autres vieillir

 

Comment vois-tu la société aujourd’hui ?

Dans Paris, j’ai la sensation d’une dépression très forte. On me faisait récemment remarquer que dans mon livre, tout le monde est abattu. C’est vrai que, quand tu es en France, tu es tout le temps bombardé de trucs déprimants, les gens sont dans un état qui va au-delà même de la colère. Mais en Espagne, où j’ai vécu quelques années, alors qu’ils se sont pris la crise de plein fouet, ils ont plus de vitalité, de colère, ils analysent plus… Même si la France est aussi le pays de Mai 68 et des grèves, on est face à une dépression des élites. Ça reste une énigme de voir à quel point les médias se sont mis à pousser l’extrême droite alors que ça ne leur sert pas. Je ne dis pas que c’est le fait d’un complot, qu’ils se sont tous concertés un matin pour en arriver là, mais je crois que c’est dû à une crise des élites, qui pensent avoir perdu leur prestige, leurs privilèges. L’extrême droite, on nous la sert à longueur de temps parce que les médias en sont fascinés. 

 

 

la suite de l'interview ici 

 

 

Despentes parle de son roman  ici

 

 

Virginie Despentes: Vernon Subutex, 1 Grasset, 400 pp., 19,90 €. (et en poche)


18/09/2017
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